Le réservoir-fontaine de la chapelle
Afin de donner de l'eau en quantité au village qui ne disposait que de puits, il fût décidé de construire une fontaine sur la Place des Aires. La place étant le point le plus haut du village avec celle des Aires et de Mistral, il fallait pouvoir "forcer" l'eau à y arriver ; quitte à créer un "château d'eau" pour l'alimenter par gravité. Idée : utiliser la chapelle des Péniten(t)s désaffectée pour y placer dessus la réserve à eau...
Les Béliers hydrauliques (alimentant la fontaine et la Maison Gombert)
Pour alimenter la fontaine située Place des héros, le baron de Gombert avait installé dans une dépendance créée pour les besoins (*), au bord du chemin de Château Gombert, une machine élevant l’eau du canal ; celle-ci arrivera plus tard dans un grand réservoir en ciment qui coiffait bizarrement l’ancienne chapelle des Pénitents Blancs, sur le point le plus élevé du village.
(*) Petite bâtisse en contre-bas du Chemin de Château Gombert, à coté du lavoir (Mentionnée dans l'Acte de Vente de la Propriété " de Gombert" à Marseille Aménagement, puis au dernier Promoteur qui en a fait des lotissements.
Réalisation(s)
(1) Afin de pouvoir réaliser une chambre de détente capable d'absorber les coups des béliers situés en contre-bas du village, il fût décidé de créer un réservoir (*) en lieu et place de la toiture de la chapelle.
(*) Capacité estimée : 150 m3
(2) Le Baron profita par ailleurs de l'opportunité offerte, pour réaliser l'alimentation de la maison de Maître (*) située plus haut dans le village, entre La Moussière et Les Mourets.
(*) Cette canalisation a été excavée lors de la démolition, puis de la reconstruction du pont plus large, installé rue Louis Feuillée, en 2002.
Elle partait depuis le bord de route, depuis la conciergerie de Carri, passait entre la poste et le stade sous le chemin d'accés rectiligne montant plein Nord à la propriété.
A noter que la propriété était dotée d'un puits.... Ne pouvant assurer un puisage d'eau suffisant en période de manque, le système de bélier paraissait le seul recours.
On remarque sur certains documents photographiques d'époque, une marre en contrebas de la Maison de Maître. Il s'agissait de la surverse du bélier qui, pour travailler éfficacement, devait impérativement fonctionner jour et nuit sans interruption, faute de quoi, le désamorçage était inévitable. Un système de bélier exclue automatiquement un arrêt type robinet ou vanne. L'eau produite alimentait les bassins de la Moussières, les caisses à eau de la Maison, puis se perdait ....dans une marre.
Détails techniques (fournis par Walton)
" Nous sommes en présence de deux béliers assez différents.
- Le plus petit (alimentation par une canalisation diamètre 100mm) est très probablement un bélier classique, Pilter, Ledoux, Deloul ou pourquoi pas un Walton. Il permettait d'alimenter la maison Carri et ses dépendances. Ce type d'installation, ne pouvant être obturée à la demande (simple robinet), imposait dans un premier temps de stocker l'eau dans un bassin, puis d'évacuer le surplus dans la nature. C'est le pourquoi de la présence d'une marre au devant de la bâtisse sur certaines photos aériennes.
Ce bélier au vu des diamètres de canalisations et des hauteurs de chute et d'élévation pouvait remonter environ 40.000 litres par 24H, c'est ce que donnerait un W7 dans ces conditions.
- Le plus gros est très intéressant ; très gros bélier de marque inconnue peut-être un Bollée, est équipé de 7 clapets. Ce type de bélier pouvait probablement remonter 200 m3 par jour au moins, ce qui est très suffisant pour alimenter une petite ville.
Il permettait d'alimenter sans problème la fontaine du village.
Nota. 15 mètres d'élévation, et 5 mètres de chute, c'est classique, pour ces gros béliers.
La chute et l'élévation ne pouvaient certainement pas être plus importantes sous peine de détériorer rapidement les machines sous l'effet de violence du "coup de bélier" ( e=1/2mv²).
L'alimentation était prise sur une dérivation du canal de Marseille.
Le "petit" bélier demande environ 200 l/mn ; quant au "gros" il est estimé à 1000 l/mn.
Quoiqu'il en soit on ne peut jamais alimenter un bélier à partir d'un puits, le bélier n'a pas de capacité d'aspiration, il reçoit l'eau d'une source au-dessus de lui et grâce à l'exploitation de l'énergie du coup de bélier par compression de l'air de la cloche, il en remonte une partie (20% au mieux (*)) 5 à 10 fois plus haut que la source d'origine, d'où son nom. "
Source : SARL WALTON 7 route de Carbon Blanc 33310 LORMONT 33(0)6 09 28 18 62
(*) On notera la perte considérable (80% !) d'eau entre le produit entrant dans l'installation et celui en ressortant pour l'utilisation. Ce qui explique la proximité de la bâtisse de pompage du béal de rejet.
Hypothèses de données
Surface du réservoir installé sur la chapelle : 90 m²
Hauteur d’eau estimée : 1,50 m à 1.70 m
Volume estimé : 150 m3
A noter que le réservoir faisait office de "chambre de détente" ou réservoir "casse-pression". Équipement indispensable sur une installation comportant une tuyauterie sous pression(s) non établie(s).
Impressions de voyage
" A peu près au centre s'élève une fontaine pyramidale dont chacune des quatre faces porte une bouche d'eau. La fontaine est alimentée par le canal, bien que celui-ci soit plus bas que la place. L'eau est poussée jusque-là par le fonctionnement d'une machine qu'un des propriétaire du village, Mr le baron de Gombert a fait établir à ses frais, dans sa villa voisine (*), dite Carry."
Source : BnF - Annales des Petits Frères de Marie - 17 avril 1888
(*) La machinerie était installée en contrebas de la route, face à la concièrgerie Gombert
On noter qu'à l'origine de la construction de la fontaine, le surplus d'eau acheminé, était évacué par les bornes fontaines qui, au moyens de canalisations placées à faible profondeur, allait alimenter des platanes de la place. Chaque platane était planté dans des trous pratiqués dans le roc, présent en grande quantité sous la place.
Bélier simple clapet. Visualisation de la perte pour un rendement de 20 %
A droite, la tuyauterie de chute. A gauche, la conduite d'élévation d'eau