L'Étoile, ou le brisant marin.
N'en déplaise à Frédéric Mistral dans son Trésor dou Félibrige T2 p1057, l'"Étoile" n'est pas un nom donné à une chaîne de montagne d'une "position relative au Nord de Marseille, en direction de l'étoile polaire".
La démonstration de Fernand Meynier (1866) sur l'origine du nom, est encore plus "déroutante". Le nom serait d'origine grecque signifiant "Gui du chêne" . Revue de Marseille & de Provence.
L'analogie vient d'un mot provençal attribué à des rochers affleurant les mers, et qui parfois en émergent.
Pour mémoire : l'extrémité Ouest de l'Étoile se situe à 34° Est de Marseille, et non pas plein Nord, vers une étoile Polaire vue depuis le centre de Marseille.
Quand bien même, elle serait située "plein Nord", ce serait observé depuis le quartier de la Valentine ou de saint Tronc...., et encore moins d'Aubage, où elle serait située cette fois, à l'Ouest.
EN PERDRE SON LATIN...(ou son Grec)
L'intérêt des origines des noms provençaux, c'est que rien n'est irrémédiablement taillé dans le marbre. Certaines origines, comme celle précédente, méritent une mention plus particulière, même si le doute persiste de façon encore très mince.
Certaines laissent totalement circonspect et dubitatif....
Rappelons que ce site a pour vocation de donner aux lectrices et lecteurs, le maximum d'éléments pouvant leur permettre de se faire une opinion.
L'Histoire de la Provence est ainsi faite....
Nous renvoyons lectrices et lecteurs aux Avertissements des "Documents d'étude" de la "Bibliographie"
EXEMPLE D'ORIGINES SUPPOSÉES & D'ENTAGONISME (*)
Four de Buze
Dans les documents joints, nous pouvons lire trois définitions pour une appellation actuelle de lieu.
Meynier donne sa version
Saurel donne sa version (sans oublier d'"égratigner" Meynier (*)
Dans son Dictionnaire du Vieux François, Tome 1 de 1882, Borel traduit le terme de Buze en mentionnant une origine produite par Flandres & Froissart comme issue de Butz ou Bogii : " Les habitants ".
Ce serait alors le " four des habitants "; ou " four banal "
Peut être plus proche de la vérité....
Ceci représente un infime exemple parmi d'autres...
ORIGINES COMMUNÉMENT ADMISES...
OUÈ, ou OUIDE :
Terme de jardinier. Pierrée, petit conduit, pour faire écouler les eaux
Source : Google – Vocabulaire Provençal François – T2 – C-F Achard - 1785
OUIDE ou OUIDO :
Conduite ou petit canal des eaux d’écoulement d’un terrain. On donne également le nom de Ouido aux vues qui donnent dans ces canaux, comme à la blocaille qui les couvre, et au travers de laquelle passe l'eau qui s’y rend du terrain supérieur.
Source : Archive.org – Dictionnaire Provençal – J-T Avril - 1839
OUIDA, s. f. OUIA, OUIDE, OUE. Amas de pierres à travers duquel on fait écouler les eaux qui stagnaient dans un lieu; ouverture d'un canal au-dessus de laquelle on entasse des pierres pour servir de filtre. Éty. du grec ochelos (conduit pierreux
Source : BnF - Dictionnaire Provençal / Français - S J Honnorat - 1841
Les randonneurs de l'Étoile.
Une ancienne troupe d'amateurs de randonnées, faisait chaque mois de septembre, depuis 1803, une excursion sur ce lieu mythique. En 1814, cette troupe était structurée en un Grand Maître, deux Officiers (Pics de droite & Pics de gauche), l'Orateur (Sa Clarté). L'intronisation des nouveaux membres, se faisait alors au pied du grand rocher surplombant Château Gombert, accompagnée de moultes libations et ripailles. La première escalade eut lieu en 1803. Cette société prit fin en 1829, après avoir compté de nombreux membres.
Source : Bnf. À travers la Provence : impressions de voyage, descriptions pittoresques, histoires, légendes, etc. / par une société de touristes. 1875.
Document issu d'un autre document : Revue de Marseille - 1866 - Meynier
( Mentionne un étendard blanc à une étoile d'or.)
Les fours à chaux.
Il exite encore les restes de cinq vestiges d'exploitations de calcaire à ciel ouvert, servant à la fabrication de la chaux, sur le versant Sud compris entre le Vallon de la femme morte (à l'Est de saint Mître), et Palama (Nord du village de Château Gombert).
Il en existe aussi un, entre le lieu-dit de la "Grande Bergerie", et le "Jas du Turc", mais l'ensemble est totalement ruiné.
" Utilité :
Chaux grasse pour la maçonnerie.
Blanchissage des murs, pour vertus antiseptiques,
Blanchissage des troncs des fruitiers.
Tannage des peaux. " Pausadou " : chaux qui sert au tannage dans les cuves.
Pas ou peu de débouché en agricole.
Beaucoup de chaux étaient faites autour de Marseille. Il y avait par exemple les Lisbonis qui en faisaient cuire artisanalement sur la commune de Marseille. On la transportait vive. C'est à dire cuite et encore en roche.
On la faisait "fuser" (ou fuser a l'air ambiant), sur le lieu de la construction. La chaux, une fois éteinte est "folle", donc pas transportable avec des remorques à bourricots. Pour le charbon on faisait du charbon de bois. Le versant de l'Étoile était totalement couvert de chêne kermes, ce qui aidait grandement à la fabrication du combustible. La température de chauffe devait être de 900°.
Quand les chaufourniers ont commencé a faire de la chaux dans des fours par mélange, ça a été le début de la modernité......
Sources :
Fours à chaux Vincent - Hiry - 58250 - TERNANT : www.chaux-de-ternant.com "
VASCHALDE Christophe, Les fours à chaux du Midi méditerranéen de la France, objets de nouvelles méthodes en archéologie médiévale, Debates de Arqueologia medieval 2, 2012
En 1829, il existait 72 sites de production de chaux dans les Bouches du Rhône, employant 436 ouvriers. Source : Google - Statistiques des B d Rh 1829.
Caoussinier : Chaufournier. Maître de four à chaux.
Source : Nouveau Dic. Provençal / Français - Garcin - 1823
Caus : nom provençal de la pierre à chaux.
Causse : (càoussé), terrain calcaire produit par la décomposition de la pierre à chaux, plus ou moins mélangée d’alumine et de silice
Origine : Google - Dictionnaire Provençal Francais - S-J Honnorat - 1846
Cuècho de caou : Fournée de chaux. Cuècho : fournée que l'on cuit en une seule fois.
Femme morte : origine du nom
" Le chemin qui de là conduit à Simiane porte le nom de fremo-mouarto, qu'on ne saurait appliquer à aucune légende locale, et qui est dérivé de Phragmos-Myrtos, " retranchement des myrtes "
NERTO. s. f. Myrte. Voyez MURTO : Sorte d'arbrisseau toujours vert à fleurs blanches et à baies rouges, d'une odeur agréable.
Source : Archive.org - Dictionnaire Provençal - J-T Avril - 1839
ORIGINE DES MOURETS. L’Airelle myrtille a des petits fruits très agréables au goût ; on les connaît sous le nom de Morets ou de Mourets. Ce petit arbrisseau, réduit en poudre, fournit un tan très propre à la fabrication des cuirs. On notera qu'un vallon situé à proximité porte le nom de "Femme morte". Il s'agit d'une traduction erronée. La myrtille commune porte de nombreux autres noms vernaculaires régionaux : airelle myrtille, gueule noire, mauret, mouret, brimbelle, raisin des bois, bleuet ou bluet. La plante est parfois appelée myrtillier ou arbrêtier.
Source : Cahier manuscrit des principales plantes usuelles - A De Brébisson - 1834
FOUR A CHAUX DE PALAMA
FOUR DOUBLE. CARRIÈRE AFFLEURANTE (OCRE). LE DÉBOISAGE MASSIF DES KERMES POUR LA CHAUFFE A FAIT DISPARAITRE PETIT A PETIT TOUTE VÉGÉTATION ALENTOUR...
INDUSTRIE DE LA CHAUX
A partir de la fin du XVIIIème siècle, par son fondateur Esprit-Thomas, la famille Carvin acquiert des fours à chaux dans le quartier du Redon, à Valmante, sur les flancs de la colline Saint-Joseph puis jusqu'à Château Gombert.
Son fils Jean-François achètera en 1825 un four temporaire à Saint-Loup, en 1844 une propriété d'une douzaine d'hectares au lieu-dit "le Fangas" (Redon) comportant une carrière de pierres de taille et deux fours à chaux permanents, puis en 1847 une propriété de soixante-dix hectares dans le vallon de la Panouse avec des parcelles au Redon et dans le vallon de Vaufrèges. Ses trois enfants deviendront propriétaire d'un domaine de vingt hectares (le Vallon de Toulouse, la Panouse, la Rouvière, et la Redonne). Pour avoir tout le contrôle de la fabrication et satisfaire au mieux ses clients, la société atteint le stade industriel.
Le petit-fils de Jean-François, n'ayant pas d'enfant, s'associe avec son neveu : Louis-Marie-Eugène Lisbonnis.
La Société Carvin fils s'installe dans le domaine du Fangas de 1932 jusqu'en 1968. Les petits-enfants de Louis-Marie-Eugène, dans les années 50 se consacrent exclusivement à la production de chaux au détriment des briques, carreaux et ciments. En 1969, Denis Lisbonis transfère le siège à Vaufrèges. Il arrêtera la production de chaux dans les années 70 en se liant avec un fabricant de l'Isère, au profit de son seul conditionnement.
Son fils Charles-Henri a pris seul la tête de l'entreprise de Vaufrèges, il représente la relève de deux siècles de chaufournerie.
FAMILLE CARVIN : SUCCESSEURS LISBONIS
PREMIERS FOURS CONNUS DANS MARSEILLE
RÔLES DE MANDEMENTS, ACQUITS ET AUTRES ACTES A EXPEDIER PAR ORDRE DU ROI, SIGNES DE LA MAIN DE FRANÇOIS (*)
{Arch. nat. J961, n" 2, anc. J. 961, n° 1.)
Tous les rôles compris sous la cote J.961 étaient joints d'ancienneté à ceux de l'année 1537 et paraissent devoir être attribués à cette date.
(*) Premier
Source : Google - COLLECTION DES ORDONNANCES DES ROIS DE FRANCE - CATALOGUE DES ACTES DE FRANÇOIS 1er - 1515/1547
CROYANCUR
Fier comme un marchand de craie et de plâtre.
Croyançur et cougourdié sont synonymes.
Le premier de ces surnoms appartient aux habitants d’Allauch, et le second aux habitants d’Aix. Il y a beaucoup de carrières de craie et de plâtre aux environs d’Allauch.
On dit de quelqu’un qui fait l’important : es ana Araou : a cargo dé croyo.
Croyo, par jeu de mot avec croyançur qui veut dire "faire son important"....S'en croire !...
Source : Google - Victor Gélu
On dit aussi : Sies uno masquo d 'Allauch ! ( Tu es un masque d 'Allauch ! ) Se dit à une personne dont les vêtements sont couverts de poussière......
Source : Google : Les cris des marseillais - R de la Colombière - 1868
Géologie de la Chaîne de l'Étoile
Secrets d'Histoire
Bonne-Mère......, et chaufourniers
Afin de produire de la chaux, de manière industrielle, au plus près de Marseille, et pourquoi-pas intra muros, on construisit une installation à fonction permanente sur la colline de N-D de la Garde.
La carrière de calcaire est ouverte au niveau de la rue Jules Moulet.
Source : Google - Statistiques des B du Rh T1 - Comte de Villeneuve - 1821
NB. A noter qu'une usine de dérivés de ciment était encore en activité jusque dans les années 1960 (accés par le haut du Bd Vauban. Fabrication de parpaings)
Calcul renal et chaux.....
CAL, calc, cas, calm, radical pris du latin calx, calcis, pierre à chaux, et dérivé du grec chalix, pierre, caillou, rocaille, d’où le latin calculus, petit caillou, calculare, calculer (*).
(*) Dans les premiers temps les hommes n'ont compté qu’avec leurs doigts et par dizaines. Les calculs les plus savants et les plus compliqués sont encore fondés aujourd'hui sur les mêmes bases ; mais , comme les doigts ne pouvaient servir qu'à fixer le nombre dix, il fallut inventer des signes pour marquer le nombre de dizaines et c’est à cet usage qu'on employa de petits cailloux, " calculi ". Lorsqu'en comptant on avait employé tous ses doigts, on posait un petit caillou et ainsi de suite . jusqu'à ce que le compte fut fini, et si le nombre des dizaines était considérable on les comptait de même en déposant à chacune un caillou qui valait alors dix dizaines ou 100.
Origine : Google - Dictionnaire Provençal Francais - S-J Honnorat - 1846
Chaux et Gabians !
GABIAN, ſ. m. Plongeon , mouette, oiſeau aquatique , fort commun à Mar ſeille & ſur les côtes voiſines. Mergus ſerrator.
" Les Maçons donnent le nom de gabian au mortier dans lequel la chaux n'eſt pas bien broyée , parce que les morceaux de chaux qui paroiſſent dans le mortier, reſſemblent aux aîles blanchâtres du gabian. "
Source : Google - Dic. Provençal / Français - Achard - 1785
PÊCHE INTERDITE...
Le 28 août 1699, ordonnance des échevins prescrivant des mesures contre ceux qui jettent, chaux, drogues et autres pour tuer les poissons de l'Huveaune afin de les avoir avec plus de facilité. De plus, cela a causé divers maux aux bêtes qui s'abreuvent et à la santé des habitants
Source : http://lecanaldemarseille.fr/j/historique/la-vie-avant-le-canal?showall=1&limitstart=
La soude
La soude est utilisée dans la fabrication du savon.
Marseille était réputée pour ses savonneries qui existaient depuis le XIVe siècle.
En 1660, on comptait dans la ville 7 fabriques dont la production annuelle s'élevait à près de 20.000 tonnes.
En 1786, 48 savonneries produisent à Marseille 76.000 tonnes, emploient 600 ouvriers et 1 500 forçats prêtés par l'Arsenal des Galères.
Il faut environ 50 % d’huile d’olive, 30 % de soude et 20 % de chaux pour fabriquer le savon de Marseille.
Il y eut une tentative de fabique de soude à Château Gombert. Un fourneau de dissolution y a été recensé de manière officielle, au même titre que celle, pas si lointaine des Trois Lucs.
Heureusement qu'un réacteur n'ait pas été associé à l'installation (production d'acide chlorhydrique), sinon la polution environnant aurait été insupportable.
La chaux ? On savait la produire (cf. Ci-devant)
La soude ? On allait la produire en s'approvisionnant en produit salin (l'approvisionnement qui consistait à recevoir les produits marins d'Espagne (salicorne) cessera par la conquète de Napoléon).
On achetait le sel dans les salins du littoral provençal. On produisait alors deux produits : l’acide sulfurique et le carbonate de sodium.
Au 18e siècle, le lignite (Gardanne....) concurrence le bois de pin pour alimenter les teintureries, les raffineries de sucre, les verreries et les savonneries.
Sous l’Empire et la Restauration, les usines de soude de l’agglomération marseillaise consomment la plus grande part de la production minière
A Marseille une soudière s’installa en 1810 dans le quartier des Trois Lucs. Elle est située après la jonction de la traverse de la salette et de la Langouste.
Mais quid de l'installation de Château Gombert, telle que mentionnée dans un compte rendu des Archives Départementales ?
En 1829, plusieur gros producteurs de soude se sont réunis en coopérative pour acheter l'intégralité de la production de sel des salins autour de Marseille (Arenc, Rassue, Vitrolles, Berre)
Ceci explique sans doute son éphémère vie......., Quant à ses ruines, seul, le hazard peut y aider.....
DIFFÉRENTS TYPES DE SOUDES
Il existe deux manières de fabriquer de la soude :
1) La soude d'origine, à l'hydroxyde de potassium (matériau présent dans les cendres d'arbres durs carbonisés) On met un nouet (*) plein de la soude ou de la cendre, dans le pot où cuisent les pois-chiches , qui, sans cela, ne pourraient jamais se cuire.
(*) Sachet à infusion
2) La soude factice, en réalité du carbonate de Sodium (présent dans le sel marin) qui, en solution dans l'eau, a les même propriétés que la soude originelle. Ceci explique la présence d'usines à proximité du littoral.
A noter l'"Usine de soude "factisse"" sur la carte des Trois Lucs au dessus
" La matiero ". La soude factice (Victor Gélu)
" Saoudo ". Soude. Sel tiré de la plante nommée Kali (Avril)
" Saoourro " Soude. Sel factice qui entre dans la composition du verre et du savon. (Avril)
" Saboun ". Savon . composition faite avec l’huile d’olive et la soude.