La Terreur Blanche à Marseille
Dix-sept Prairial An III de la République (5 juin 1795), Il ne fait pas bon avoir des penchants politiques, et de le faire savoir à Marseille..
Tous ceux qui furent victime de la Terreur (se disant contre Révolutionnaires), massacrent, de jour, comme de nuit, en toute impunité.
Des groupes armés attaquent le Fort saint Jean, où sont enfermés plusieurs dizaines de prisonniers de droit commun et politiques.
Une centaine fut massacrée, parmi laquelle, Jean-Baptiste Portal et Joseph Julien de Château Gombert.
Vingt-sept Prairial, An III de la République (15 juin 1795).
C'est le sort qui fut réservé à un des habitants de Château Gombert, Louis Julien, dit Severan.
Son cadavre fut retrouvé en ville, comportant de nombreuses lésions, toutes dues à des armes blanches. Aucune partie de son corps ne fut épargnée.
Source : BnF - Mémoire du citoyen Fréron - 1824.
Nota. " C'est vers le milieu de la Canebière, et vis-à-vis la Place Impériale (*), (ci-devant Latour), qu'était suspendue la hache homicide avec laquelle le fanatisme révolutionnaire immolait ses victimes sous le règne de la Terreur en 1793 & 1794. "
Source : Google - Tableau Historique de Marseille - 1812 - J. Chardon / extrait de l'Almanache de Marseille 1803
(*) Cours saint Louis
Autopsie du 15 juin 1795
Extrait du greffe du bureau de paix du premier arrondissement du canton de Marseille.
Du vingt-sept prairial an troisième de la République française, par-devant nous Michel-Joseph Preyre, juge de paix, officier de police de sûreté du premier arrondissement, canton de Marseille, est comparu citoyen Pierre - Raymond, commissaire du comité de surveillance, lequel nous a exposé qu’il y a un homme mort à la fontaine des Arcs, et nous requiert de nous y transporter pour y accéder, et a signé Raymond à l’original.
Nous, officiers de police de sûreté susdits et sous-signés , nous sommes de suite transportés, accompagnés de notre secrétaire-greffier et assistés des citoyens Pierre Raymond , commissaire du comité de surveillance, et Joseph-Paul, officier de santé, au Champ-du-Repos, où étant arrivés , avons trouvé un cadavre que nous avons reconnu être mâle, ayant sur lui des vieilles hardes ; et, après avoir fait fouiller ses poches, nous y avons trouvé au gousset de la culotte un rond d’oreille en or, un couteau fermant, manche noir, et à la poche de la veste deux cent vingt-cinq livres en assignats de cinq livres , lesquels effets ont été par nous retirés et déposés rière le gref pour être remis à qui de droit.
Et à l’instant avons requis le citoyen Joseph- Paul , officier de santé de cette commune, de procéder à la visite dudit cadavre, lequel nous a dit qu’il avait deux coups de sabre à l’occipital, un coup de stylet à la jugulaire du côté droit, un coup de sabre prenant l’omoplate du côté gauche , un coup de tranchant pénétrant depuis les côtes jusqu’à l’estomac ; un coup de tranchant à l’avant-bras , et un dit au poignet , de tout quoi nous avons dressé le présent procès verbal pour servir et valoir ce que de raison ; et avons signé , avec les citoyens Raymond , Paul , officier de santé , Preyre, juge de paix, officier de police de sûreté, et Gilly, secrétaire greffier, à l’original.
Et- de même suite il nous a été amené audit Champ-du-Repos, et eux-mêmes présens que dessus, par les fossoyeurs un autre cadavre reconnu par la clameur publique sous le nom de Louis Julien, dit Severan, du lieu de Château-Gombert, terroir de cette commune, et avons de suite requis ledit citoyen Joseph-Paul officier de santé, de procéder à la visite dudit cadavre , lequel nous a dit qu’il avait un coup de stylet sous le téton droit, pénétrant dans la poitrine ; du côté gauche, un coup de sabre depuis l’oreille jusqu’au milieu de la joue ; du même côté gauche, un coup de sabre d’environ six pouces au cou, un coup de stylet à l’estomac, un coup de sabre du côté gauche d’environ quatre pouces au gras de la jambe, un coup de sabre au poignet gauche, et un dit sur la main du même côté ; de tout quoi nous avons dressé le présent procès verbal pour servir et valoir ce que de raison, et avons signé avec le6 citoyens Pierre Raymond, Joseph Paul, officier de santé, et notre secrétaire greffier.
Signé Raymond , Paul , Preyre , juge de paix , et Gilly, secrétaire greffier, à l’original.
Et attendu que lesdits cadavres ont été reconnus , le premier sous le nom de François Ripert, cribleur, demeurant à la place des OEufs, et le dernier sous celui de Louis Julien , dit Severan , du lieu de Château-Gombert, avons ordonné aux fossoyeurs de les inhumer de suite , n’ayant été rien trouvé sur ledit Louis Julien, dit Severan.
A Marseille, l’an et jour susdits.
Signé Preyre juge de paix, officier de sûreté. A l’original. Collationné, GILLY, secrétaire greffier. Aix, le 25 du mois de messidor, l'an 3e. de la République française, une et indivisible.