Gombert-story

Gombert-story

Fêtes civiles

Jour de l'An

Il est spécialement consacré aux visites et aux souhaits de bonne année, comme dans toute la France. L'usage de le célébrer existait chez les Romains, qui s'envoyaient de petits Estrenos.

A Marseille, la période des étrennes commençait la veille de Noël et se continuait jusqu'au jour de l'an.

Les femmes pétrissaient des gâteaux appelés Poumpos, dont elles se faisaient des cadeaux réciproques. De nos jours, à l’envoi des bonbons et des jouets, que l’on donne à Marseille comme partout, les gens des classes inférieures ajoutent celui de la Poumpo, qui est d'origine grecque 

Dans les communes environnantes, les parents et alliés seuls se font visite au jour de l'an ; les personnes étrangères se souhaitent la bonne année dans la rue, lorsqu’elles se rencontrent.

Naissances

Origine de l'"Envie"

" Les femmes du peuple, dans leur grossesse, sont persuadées que, si elles ont eu envie de manger un mets quelconque, sans oser pourtant y toucher par une fausse honte, l’enfant ne manquera pas de porter un signe ou une marque qui aura de la ressemblance avec ce mets.

De môme, si leur imagination a été vivement frappée par un objet, l’enfant portera en naissant un signe analogue.

On donne à ces signes, qui sont au reste assez communs, le nom d'( envegeos ), et cette croyance, qui est trèsrépandue, est cause que personne n’ose rien refuser à une femme enceinte......" (*)

(*) A rapprocher de l'" arjoou " (rubrique superstition)

Baptême (Cf. Article en suivant)

" La présentation du nouveau-né aux fonts baptismaux est toujours une fête de famille à laquelle on donne un certain éclat lorsque c’est le premier fruit du mariage.

L’aïeul paternel et l’aïeule maternelle sont de droit parrain et marraine. On invite à la fête les parens et les amis. Le cortège, précédé d’un tambourin, se rend à l’église, et au retour, après la collation d’usage, le bal est d’obligation. Les jeunes gens recherchent volontiers l’occasion d’être parrains, et choisissent ordinairement pour marraine celle qu’ils se proposent d’avoir pour épouse.

Dans la classe des cultivateurs et des artisans c’est presque toujours le prélude d’un mariage. Tous ceux qui ont assisté à un même baptême se donnent le nom de compère et commère (**). C’est une espèce d’alliance qui entretient et resserre les liens de parenté et d’amitié. Très-souvent dans les villages on saisit l’occasion d’un baptême pour rallier deux familles en désunion.

Bien souvent, le baptème se faisait le jour même de la naissance ; en l'absence de la mère. On attendait les "relevailles" (*) "

(*) Commère. Celle qui a tenu un enfant aux fonts baptismaux est commère du parrain, du père et de la mère de l'enfant. La mère - nourrice est également commère du père et de la mère du nourriçon. Une commère, est celle qui sait bien se diriger,

(**) Selon l'Ancien Testament, une femme qui venait d’accoucher restait impure quarante jours et ne pouvait réintégrer la société avant le terme de cette période. Pour sa réintégration dans la vie civile, elle devait à ce terme, se rendre à l'église, accompagnée de la maraine, de la sage-femme, ainsi que des femmes de la maisonnée. Aucun homme n'était admis. Une messe était dite.

Relevailles

" Aux relevailles, il y a de nouveau réunion de famille ; mais le plus ordinairement les hommes n’en font point partie. Ce jour-là, il est d’usage que la marraine fasse quelque présent. C’est ordinairement un gâteau sur lequel on place diverses sucreries emblématiques, telles qu’un berceau, ou des poules et des tourterelles qui couvent leurs œufs, et un gros artichaut qu’on réserve pour le parrain. La mère conserve les emblèmes , et le gâteau se partage entre les convives.

Dans cette réunion, la marraine donne au filleul un pain, un œuf, un grain de sel et un paquet d’allumettes , en lui disant :

" Siegués bouan coumo lou pan, plen coum 'un uou, sagi coumo la saou , et lou bastoun de vieillesso de teis parens. " 

C’est-à-dire , sois bon comme le pain, plein comme un œuf, sage comme le sel, et le bâton de vieillesse de tes parens.

La sage-femme, qu’on appelle la baîlo en Provence, ne manque pas de munir l’enfant d’un petit coussinet bénit, qu’on désigne sous le nom d’ Évangile, et destiné à prévenir toute espèce de maléfice.

Toutes les fois que l’enfant éternue, on s’empresse de dire " Saint Jean ", sous-entendu " te bénisse " ; parce que l’on croit que cet éternument est une espèce d’eflort par lequel l’enfant se délivre des mauvais génies. "

Mariage

" Lorsqu’un mariage est définitivement arrêté, on s’occupe d’abord d’en fixer la célébration.

Pour quelque motif que ce soit, jamais le mariage ne se contracte, ni un vendredi, ni dans le mois de mai. Ce jour et ce mois sont néfastes.

Le temps étant fixé, le futur s’empresse de faire parvenir à la fiancée la lioureio (la livrée) ; c’est la corbeille de noce, renfermant les bijoux, la robe de mariage , etc.

Dans les villages, le prétendu vient, monté sur un cheval ou un mulet, chercher sa prétendue ; il la prend en croupe, et d’autres personnes de la famille lui servent d’escorte, et tous vont à la ville voisine acheter la lioureio. Ce cadeau est toujours fait en présence de témoins, afin de pouvoir le réclamer légalement dans le cas où, par quelque événement imprévu, le mariage n’aurait pas lieu.

On peut considérer ces préliminaires comme des fiançailles. Les parrains et marraines, témoins obligés de l’union matrimoniale, font aussi leur cadeau aux fiancés.

Dans les campagnes on met le plus d’éclat possible à la célébration des noces. "

Funérailles

" Les funérailles n’offrent rien de particulier en Provence. Les parents et les amis accompagnent le corps jusqu’au lieu de sépulture. Quelquefois celui qui dirige le convoi prononce une oraison funèbre. Dans certaines communes, on donne un repas ou une collation, qui se renouvelle à l’anniversaire (*). En général, la réunion des familles qui se fait à la Toussaint, a pour objet de suppléer aux coutumes particulières qui se pratiquaient aux funérailles. "

Source : Google : Statistique des BduRh - T3 - Comte de Villeneuve - 1826

(*) Bout de l'An, Bout-an : Service funèbre qu'on fait célébrer un an après le décés. Faire dire un "Bout de l'An" (fa lou boutan) : faire dire un anniversaire au défunt.

Source : Lou Trésor dou Félibrige. F.Mistral

Bout-de-l'AnCanta. Terme de liturgie catholique. Anniversaire. Service que l'on fait pour un mort, onze mois après son décès.

Faire dire Iou canta : faire faire le service, faire dire la messe du bout-de-l'an.

Source : Dictionnaire Provençal - J-T Avril

A ne pas confondre avec "Bon bout d'An !".......

" Il n’y a pas encore bien longtemps, l’usage voulait qu’une fois arrivé auprès de la tombe, le cercueil fût ouvert, afin que les assistants pussent contempler une dernière fois les traits du défunt et que toute méprise sur son identité devint impossible. Les scènes toujours pénibles, ayant occasionné des accidents chez les personnes impressionnables, souvent même des cas de folie et d’épilepsie, furent supprimées. "

Source : La Provence - Usages, coutumes, idiomes - Henri Oddo -  1902

VEOUSAGI. Veuvage, état de viduité ; tems qui s'écoule depuis la mort du mari ou de la femme, sans contracter de nouveaux liens.

Source : Dic. Provençal - Français - Achard - 1785

PEIRIN & COMMÈRE

" Un des cris les plus anciens et qui tend à disparaître, c'est celui que les enfants faisaient entendre à la suite du cortège accompagnant à l'Eglise l'enfant que l'on y portait pour recevoir le baptême. Ces gamins , pour obtenir quelques sous du parrain, chantaient ou hurlaient en choeur : Jitas peirin ! (Jetez parrain !)

Si le parrain ne jetait rien, les gamins, après avoir répété cent fois de la même manière leur " jitas peirin ! " s'en vengaient en criant sur un ton aussi lamentable qu'enragé :

" Peirin couguou ! Qu'a la corno au cuou, Lou boussoun trauquat, N 'a rem per jitar. "

" Parrain cornu , Qui a la corne au c . . Le gousset troué, Il n 'a rien pour jeter. "

Et ils ajoutaient quelquefois :

" A lougat l’habit, bit, bit, N 'a rem per chabir , bit , bit , Semblo un stocofi, fi, fi,

A lougat l’habi , Peirin cournut, A la quoue doou chin , A la quoue doou gat. "

" Il a loué l'habit, Il n 'a rien à manger, il ne possède rien , il n 'a rien à donner. Il ressemble à un stockfish , fi , fi ,

Il a loué l'habit , Parrain cornu , Il a la queue du chien , Il a la queue du chat, "

...et autres gentillesses de ce genre. Si le parrain se décidait à jeter une poignée de menue monnaie (on se procurait à cet effet une certaine quantité de Dardennes (*) ou pièces de deux liards), les gamins se les disputaient à la Tiro-Peou ou Retiro-Peou (traduction littérale : à l'arrache-cheveux ou mieux Tire-Poil).

Tout cela était plus ou moins amusant pour les passants, mais régalait fort peu le parrain et la marraine ainsi que les invités, surtout lorsque , pour économiser les frais d'un fiacre , le cortège allait à pied...

Source : GOOGLE - Les cris des Marseillais - R de la Colombière - 1868

(*) Du Sous-Préfet "Dardaine". Dardeno : Pièce de monnaie qui valait deux centimes et demi (Pièce de deux liards, monnaie de cuivre qui vaut six deniers) Elle n'avait guère cours qu'en Provence. Le nom de cette pièce de monnaie vient de ce que le Roi ayant donné ordre de fondre quelques vieux canons pour la fabrication de cette monnaie, M. D'ardenne, gentilhomme de Marseille fut chargé de cette fonte, & son nom fut appliqué aux pièces que l'on fit. " Pitto dardènos ".Terme injurieux. Grippe sou ; taquin, avare.

Source : Google - Dic Provençal / Français - Achard - 1785

BAPTÊME AU SORTIR DE L'ABBEY DE St VICTOR

EN BLEU : LES SOUS ; VERT : LE " PEIRIN " ; JAUNE : LA " COMMÈRE " ; ROUGE : LA MAMAN ; MAUVE : LE PAPA

ESTRENNO

L' ETRENNE.

Donner l'étrenne. Cet usage du Premier de l'An, est d'origine juive. (célébration du quatorzième & quinzième d'Adar). Donner des plats de viande aux parents & amis. Donner de petits présents aux pauvres.

Les chrétiens ont repris l'usage en l'adaptant. Les maîtres font de petits présents à leurs serviteurs ; les maîtresses à leurs servantes ; les pères & les mères à leurs enfants ; les supérieurs aux inférieurs.

Toutefois, ces pratiques étaient rangées dans la liste des superstitions par les Pères de l'Église, réunis à Auxerre en 590. Elles furent condamnées comme pernicieuses et diaboliques. Le Pape Martin et St Augustin les réprouvent.

Il fallut plusieurs siècles pour expurger tout ce qui avait un rapport avec le paganisme, pour n'en conserver que la vision et/ou entretenir l'amitié.

Cependant, une particularité des étrennes qui sont données, sont celles qui se font entre femmes. Le don de la Pompe ! (*) Les échanges se font de la veille de Noël, à l'Épiphanie.

Source : BnF Gallica - Explication des usages & coutumes des Marseillais - T1 - F Marchetti - 1683 - Dialogue XII

(*) Cf. Rubrique "Tradition" / "Noël"

Fêtes religieuses

La Chandeleur

" Les Provençaux ont conservé, des anciennes coutumes du paganisme, un caractère assez superstitieux qui se décèle dans les campagnes plus ouvertement que dans les villes, où le peuple seul le manifeste.

La Chandeleur en fournit une occasion.

Ce jour-là, chacun se munit d'un cierge de couleur verte autant que possible, et le présente à la bénédiction de la messe On doit le rapporter chez soi tout allumé ; si par hasard il venait à s’éleindre, ce serait un mauvais pronostic.

Une fois rentrée, la mère de famille parcourt toute la maison, suivie de ses enfants et les domestiques ; elle marque toutes les portes et les fenêtres d’une croix qui est considérée comme un préservatif contre la foudre. On suspend le cierge bénit à côté du lit et on ne le rallume qu'en temps d'orage, pour les accouchements ou autres circonstances critiques.

Au même ordre d'idées se rattachent les fêtes patronales où les prieurs distribuent du pain bénit et des fruits, suivant la saison.

Ainsi, pour la Saint- Blaise, on bénit du pain, du sel et des raisins, qui sont regardés comme des spécifiques contre le mal de gorge.

Les biscotins, fabriqués pour la Saint- Denis, sont, dit-on, un remède contre la rage, et les gousses d’ail rôties dans le feu de la Saint-Jean chassent les fièvres.

Le jour de Saint-Césaire, à Berre, on bénit des pêches, et l’on se trouve ainsi à l'abri des fièvres paludéennes assez communes dans le pays.

Ces quelques exemples suffisent pour démontrer un état d'esprit où les superstitions et la religion ont fusionné jusqu'à un certain point." 

Source : Google - La Provence Usages Coutumes Idiomes - Henri Oddo 1902

Les Rameaux, la Semaine sainte et Pâques

" La fête des Rameaux, qui rappelle l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem, est une des plus populaires en Provence.

Les fidèles arrivent à l’église avec des branches d’olivier, de laurier ou des palmes, qui sont bénites pendant la messe. Ces rameaux, comme les cierges de la Chandeleur, sont conservés pieusement, car ils ont les mêmes vertus.

Il y a dans le peuple une opinion très ancienne en ce qui concerne l’olivier : c’est, dit-on, un arbre sacré qui n’a jamais été frappé de la foudre. Les Grecs, qui avaient consacré l’olivier à Minerve, sont les auteurs de cette croyance et l’ont transmise aux Provençaux.

L'usage de charger les rameaux de fruits confits ou de cadeaux parait remonter aussi très loin. Thésée, à son retour de la Crète, ayant institué des fêtes en l'honneur de Bacchus et d’Ariane, les Athéniens s’y rendirent, portant des rameaux d’olivier chargés de fruits.

Le pape Grégoire XIII défendit l’usage des friandises et des fruits pour le jour des Rameaux, dans un concile tenu  à Aix, en 1585. En dépit de sa décision, on offre aujourd’hui encore aux enfants des rameaux (rampau) ornés de fruits confits ; ceux qui sont destinés aux dames portent souvent de riches cadeaux.

De même que le mercredi des Cendres est le jour de l'aïoli, de même le dimanche des Rameaux est, dans toute la Provence, le jour obligatoire des pois chiches .

A Marseille, pour en faciliter la consommation, on les vend tout cuits dans les rues qui conduisent à l’église des Chartreux, où l’usage veut que l’on aille entendre la messe. Comme en France la gaieté ne perd jamais ses droits, on profite de l’occasion pour jouer un tour aux montagnards nouvellement arrivés, en leur persuadant que ces pois sont distribués gratuitement. Alors on voit, à la risée générale, des théories entières de ces crédules Bas-Alpins, portant chacun une énorme marmite qu’ils se proposent de faire emplir sans bourse délier.

Pendant la Semaine sainte, les enfants sont armés de crécelles, de tourniquets, claquettes et autres instruments semblables, avec lesquels ils font un vacarme épouvantable à la porte de l’église, pendant l’office des Ténèbres. Puis, se rangeant en file, ils parcourent les rues en continuant leur tapage.

Le jeudi saint, on visite les églises, qui rivalisent de richesses et d’ornements luxueux.

Le samedi saint, l’usage veut que l’on fasse porter leurs premières chaussures aux enfants qui doivent quitter le maillot. C’est ordinairement la marraine qui en fait les frais: puis, accompagnée de la mère,  elle va présenter l'enfant au prêtre. Au moment où l’on entonne le "Gloria in excelsis", toutes les femmes qui ont des enfants nouvellement chaussés les font marcher dans l’église."

Rien de particulier à signaler quant aux solennités religieuses du jour de Pâques.

La fête des Rogations a lieu le jour de saint Marc et les trois jours qui précèdent l’Ascension.

Les pénitents des confréries portent en procession sur un brancard un coffre en forme de châsse, dans lequel sont enfermées des reliques; de chaque côté est suspendue une étole. On a donné au coffre le nom de "vertus", par allusion aux reliques qu’il renferme et qui restent exposées trois jours dans l’église.

A la campagne, les paysans font passer par-dessus les Vertus des poignées d'herbe et de blé qu'ils donnent ensuite à manger aux bêles de somme, persuadés qu’après celle opération elles seront préservées de la colique."

Source : Google - La Provence Usages Coutumes Idiomes - Henri Oddo 1902

AIL DE LA SAINT JEAN

" Le marché aux herbes de la Saint-Jean est trop intimement lié à ces réjouissances pour que nous n'en disions pas un mot. Qui ne le connaît, à Marseille? C'est un des plus anciens que nous ait légués la tradition provençale, et c'est aux allées de Meilhan, sous les ormes séculaires et les platanes grecs, qu’il se tient.

Les paysans de la banlieue ou du Terradou, comme l'on dit en provençal, y apportent leurs plus beaux produits. A peine a-t-on fait quelques pas que des émanations singulièrement piquantes s’échappent d'un amoncellement d’aulx, promesse, pour les amateurs d'aioli, d'un festin savoureux que. n’aurait pas dédaigné Homère.

Les plantes et les fleurs, sauge, romarin, verveine, menthe, lavande, mêlent leur parfum et leur couleur aux roses, jasmins ,cassies, géraniums, pétunias, chrysanthèmes et à toute la gamme florale si riche de la Provence, pour arriver aux arbustes, câpriers, ifs, pistachiers, orangers, citronniers, lentisques, palmiers, syringas, arbousiers, néfliers, azeroliers. jujubiers ; le tout soigneusement étiqueté et aligné, dans l'arrangement le plus propice à tenter l'acheteur.

Dès la première heure la foule s'empresse, et chacun fait ses provisions pour l’année.

La coutume veut aussi que les plantes aromatiques soient cueillies sur la montagne de la Sainte-Baume, lorsque les premiers rayons du soleil viennent frapper le Saint-Pilon.

D'après la légende, les herbes et les plantes acquièrent à ce moment des vertus qu’elles n’ont pas si on les cueille avant ou après ; voilà pourquoi les marchandes n'oublient jamais de vous dire, en vous offrant de la sauge, de la lavande ou du romarin : « C’est de l'aurore ! » "

Source : La Provence - Usages, coutumes, idiomes - H. Oddo - 1902

FAMI(L)HO

LA FAMILLE

PAÏRE. Père. On dit "Moun père" en ville, "Moun païre" à la campagne.

PAPA. Terme enfantin pour "païre".

MAÏRE. Mère. Celle qui a mis un enfant au monde

MOUN GRAND. Mon Grand-Père (Cf. art. en suivant)

REÏRE GRAND. Arrière Grand-Père (Cf. art. en suivant)

MA GRAND. Ma Grand-Mère (Cf. art. en suivant)

MAÏRE GRAND. Grand-Mère (Cf. art. en suivant)

ENFANT. Fils ou fille par rapport au père et à la mère. Garçon et fille en bas âge. (Rarement usité)

FIÈOU. Fils. Se dit d'un enfant mâle, par rapport à son père ou à sa mère.

FILHO. CHATO. Fille qui n'est pas mariée.

GARÇOUN, Garçon , jeune homme qui n'est point marié.

A noter : GARÇO, Garce, terme bas, pour désigner une femme de mauvaise vie. Autrefois ce mot désignait une fille. (Cf. Rubrique en suivant)

MAGE. Aîné ou l'aîné d'une famille

PUÎNÉ. Second né d'une famille

CADET. Dernier né d'une famille

A noter : Pour les familles de plus de trois garçons, celui ou ceux situés entre le puîné et le cadet n'est (ne sont) pas désigné(s) dans une conversation. Les filles ne sont jamais nommées, et ce, quel que soit le rang de naissance.(Cf. Rubrique en suivant)

FRAÏRE. Frère. Qui est né du même père, de la même mère. "Moun frèro" en ville. "Moun fraïre" à la campagne.

SOUERRE. SORRE. Soeur. Qui est née du même père, de la même mère. "Sur" en ville.

PEÏRESTRE. PEÏRASTRE. Parâtre. Beau-père à l'égard des enfants d'un premier lit.

MAÏRASTRE. MAÏRASTRO Marâtre. Belle-mère, femme que le père a épousé en deuxième noce.

COUGNAS, COUGNASSO. Cognât, beau-frère, belle-sœur. Il se dit plus particuiièrement aux parents du côté de la femme.

TANTO. Tante. La soeur du père ou de la mère. Demoiselles et enfants disent Tata. On dit à une paysanne : Tanto Jano ; On dit Misè (*) Jano à une femme d'artisan (Homme de métier)

OUNCLE. Le frère du père ou de la mère. En Provençe, dire à quelqu'un "(Mon) (L')oncle", signifie le respect envers une personne plus agée.

PUPIL. PUPILLO. Pupille. Enfant en bas âge qui a perdu son père et sa mère.

NÈBOU. Neveu. Fils du frère ou de la soeur.

NÈÇO. NÈSSO. Nièce. Fille du frère ou de la soeur.

BÈOU FIOU. Gendre. FIHASTRE. Beau fils par alliance.

NOUÈRO. VIHASTRO. Belle-fille

(*) MISÉ. Contraction de Mademoisello. Mademoiselle. Cf. En suivant

NB. Les gens du peuple ajoutent un "De" à Misé pour les femmes d'un état moyen (ex Misé de Floto). On dira des femmes de négociants : Madame Floto.

Ex. Revue de Provençe - 1899. Santons. Cette appellation (Misé) a été donnée sur les figurines représentant des marchandes de poissons : Misé Mietto, Misé Rohino, ainsi que le fabricant l'inscrit sur les bases d'argile de ces figurines. Cf. Art en suivant

MADAMEISÈLLO, Titre que l'on donne aux Filles des Négocians

BARBOUN. Terme de mépris à l'égard d'un vieillard (barbu) Vieilh barboun

ARGOULETS, Terme usité pour désigner ses petits enfants.

CAGO-NIS, Culot , le dernier des oiseaux éclos (Vient de Cago : Caguer, Chier & de Nis, le nid). On le dit aussi , par extension, du dernier enfant d'une femme, du dernier petit d'une ventrée. Se dit aussi Gago-Niou. On dit par déformation : Caganis

PÉTOUN. Petit pied. Terme de mépris qui s'applique au dernier-né d'une famille nombreuse.

FRÈMO. Femme, épouse

FRÈMETO. Petite femme, femmelette

FRÈMASSO. Grande femme

MOUILHE, Épouse, Femme.

HOME. Mari, époux; Homme (soun home ven. Son mari arrive)

VÉOUSO. Veuve. Femme qui a perdu son mari

ESPOUS, OUSO,  Epoux, épouse, qui sont unis par les liens du mariage. Du latin sponsùs.

ESPOUSADO. Epousée

PARÉOU. Couple

VEOUSAGE. Veuvage, tempe que l’pn reste veuf ou veuve.

VEOUSE, VEOUSO. Veuf, veuve, qui n’a plus sou époux, ou son épouse.

DÉMARIÉ. DÉIMARIDA. DIVOURCA Divorcer.

 

ÊTRE " GRAND " ....., C'EST QUOI ?....

GRAND est un adjectif du vocabulaire Provençal qui n'est pas accordé avec le mot qui lui est associé.

Lors du passage à la langue Française, l'adjectif a été repris sous sa forme "classifiante". Ex. la GRAND mère, le GRAND père - ( La MÈRE de la mère, Le PÈRE du père ). Mais alors, pourquoi ne pas avoir appelé GRANDE MÈRE, la GRAND MÈRE ?

L'explication est simple. Il était d'usage de donner l'adjectif GRAND à tout ce qui était VIEUX ; tant aux humains, animaux, objets et autres...

On disait : MÈRE-GRAND, PÈRE-GRAND, MAÏRE-GRAND, PAÏRE-GRAND, GRAND CARRIÈRO, etc...

L'adjectif était alors "qualificatif". ( La "Mère Grand" du "Petit Chaperon Rouge" )

Nous retrouvons souvent dans les villes et villages, une " GRAND RUE "

On observera que dans pratiquement tous les cas, elle ne sont ni longues, ni larges....., elles sont tout simplement...."vieilles", dans ce qui était alors le vieux village ou la vieille ville !

Source : Google - Revue de Marseille - F Meynier - 1866

NB. On notera que la "Grand rue" actuelle de Marseille avait été renommée "Grande rue" momentanément, pour être de nouveau appelée "Grand rue"

Source : Dic. des rues de Marseille - A Bles - 2001

Faï veni moun grand ! : appelle mon aïeul ! Es enco de sa grand : il est chez sa grand-mère.

Source : Google - Dic Provençal / Français - JT Avril - 1839

Source : Google - JAUNE : GRAND RUE. BLEU : MAIRIE DE MARSEILLE

SOURCE : GOOGLE - JAUNE / GRAND RUE. BLEU : LES MOULINS D'ALLAUCH

RESPECT

En d'autres temps, lorsqu'une personne rencontrait un paysan plus âgé, elle lui disait " Mon oncle " !..., Non par boutade, mais par respect.

Source : Google - Dictionnaire Provençal / François - Achard - 1785

NON-RESPECT

La lecture des différents ouvrages anciens, relatifs à la Provence, nous apprend une chose : le peu de considération à l'égard des filles et des femmes dans le cadre familial. En résumé : L'aîné était le chef de famille en l'absence du père (l'ainée n'avait aucun droit). Il recevait sa part d'héritage bien souvent, lors du vivant de son père. Les frères avaient droits différents suivant leur rang de naissance ; les filles, généralement, droit à (presque) rien...

Il y a un monde entre la représentation extérieure - et théâtrale - de la " provençale", telle qu'on souhaite la montrer (tableaux de farandoles, photos d'écuyère souriante....) et la réalité des faits intra muros. Ne nous méprenons pas. Cette vision "patriarcale" en vase clos, était encore en vigueur au XXème siècle,...., et l'est encore souvent au XXIème......

En préambule à un ouvrage sur les dictons et proverbes provençaux, un écrivain du XVIIIème siècle alertait les lecteurs qu'il n'y porterait aucun écrit visant à abaisser, voire à avilir la femme..... Il en fit de même pour les sobriquets de villageois..... :

(FREMO : Femme. Fremos noun sòun gents. Les femmes ne comptent pas. Fremo que prend, s'engageo. Une femme qui reçoit des présens, s'engage. De bello fremo & flour de may, en un jour la beouta s'en vay. Bello fremo, marrido espino. Nous avons quantité d'autres proverbes sur ce mot que nous évitons de mettre ici , pour ne pas faire des répétitions, ou par rapport aux indécences qu'ils renferment....)

Exemples parmi tant d'autres trouvés :

Ben ven quand un garçoun nay, se uno filho nay, ben s'en vai.

La naissance d'un garçon annonce du bien, celle d'une fille désigne de la perte...

Se leis prestos venien à ben , leis homes presta rien sèis fremos.

S'il y avait du profit à prêter, les hommes prêteraient leurs femmes.

Ay & fremo, counoui quu leis meno.

Les ânes & les femmes, connoiſſent ceux qui les guident.

FLORILÈGE DE DICTIONNAIRE.....

AFANAR, (s') Travailler avec ardeur , s'empresser, entendre le ménage. La mouilhe doou pourquier quand ven lou soir, s'affano. La femme du porcher se met à l'ouvrage quand elle voit la fin du jour. L'on applique ce proverbe aux femmes de village, qui après avoir rodé pendant toute la journée, se retirent le soir pour préparer le souper à leurs maris qui reviennent des travaux de la campagne

AMOUR. L'Amour es un catieou coursari, Que si jugo deis couers, coumo lou gat d'un garri. (Gros ). Amour de courtisan, caressos de putan, Ben de vielan, & fè de femelan, Noun duroun pas passat un an. L'amour des courtisans, les caresses des femmes de mauvaise vie, les bien faits des avares, les promesses des femmes sont de courte durée.

APRÈS. Après tres jours l'on s'ennuegeo, de fremos, d'hostes & de pluegeo. Les femmes, les hôtes & la pluie ennuyent au bout de trois jours.

ASSEYNAR. Ce terme, qui n'est plus usité, ſe rendoit en françois par le vieux mot assinier, c'est-à-dire, mettre sur les vêtements des signes par lesquels on diſtinguait les filles publiques. C'était un usage reçu en Provence & en Languedoc. Charles VI & la reine Jeanne avaient fait des Ordonnances pour empêcher que les honnêtes femmes ne fussent confondues avec les prostituées. Il serait à souhaiter que ces Réglements fussent en vigueur dans les grandes villes

BARATO. Fruit qui a une apparence de bonté à l'extérieur & qui est cependant mauvais. On le dit des melons & des pastèques. Lorsqu'on  l'applique aux femmes, c'est toujours en mauvaise part.

BEDOUELO. Terme de mépris. Niaise, imbécile, femme qui manque de jugement. (A noter : aucun terme connu exprimé pour l'homme)

CANDÈLO. A la candèlo, regardes ni frumo ni tèlo. Les femmes & la toile paraissent plus belles aux flambeaux.

DAMO. Dame, femme d'un noble ou d'un gradué. Ce terme est au jourd'hui commun à toutes les femmes d'un certain rang.

DOULOUR. Douleur. Doulour de fremo mouerto, duro jusqu'à la pouerto. Un mari qui pleure la perte de ſa femme, se console dès qu'on la porte à la sépulture. La premiero leis doulours, la secondo leis amours. Une femme qu'on épouse en premières nôces est ordinairement moins aimée que celle qu'on épouse en secondes nôces.

HOUSTAU. Maison, demeure. Va ben mau dedins un houstau, quand la galino fa lou gau. Il ne faut pas que les femmes commandent.

JOUR. Jour. Douis bouens jours à l'home sur terro, quand prend mouilhè , & quand l'enterro. Les deux jours agréables pour l'homme, sont celui des nôces et celui de l'enterrement de sa femme.

LIMASSO. Limassos & fremos à vèndre, mies courroun, mies si fan prendre. Les limaces & les femmes sont faciles à atteindre à la course.

MADAMO. Madame, tître d'honneur qui dans le vrai, n'appartient qu'aux femmes des nobles, mais que l'on donne aujourd'hui à toutes les femmes mariées d'un certain état.

MENA. Mener. Ay & fremo, counoui quu leis meno. Les ânes & les femmes , connaissent ceux qui les guident. Quu fiho gardo et ai meno, n'est pas segur senso peno : Celui qui est chargé de surveiller une fille et de conduire un âne n'est pas sans peine et sans souci.

NAU. Navire , vaisseau. Nau & fremo, l'a toujours à refaire. Aux vaisseaux & aux femmes il y a toujours à refaire.

OUMBRO. Ombre. Oumbro d'home vau cent fremos. L'ombre d'un homme vaut pour cent femmes,

VAQUO. Vache. De laido vaquo, laid vedèou. Les femmes laides ne font pas de jolis enfants.

Triste...

Mais il faut aussi dire que Molière, dans"  Les femmes savantes " y va de son couplet !

MARTINE.

" Ce n'est point à la femme à prescrire, et je sommes

Pour céder le dessus en toute chose aux hommes ".

CHRYSALE.

" C'est bien dit. "

MARTINE.

" Mon congé cent fois me fût-il hoc, La poule ne doit point chanter devant le coq. "

 

Heureusement que le patois Occitan de Languedoc leur rend Honneur !...

" Un ostau sans femnas es un desèrt "

Parfois, l'allusion étonne !...

" Frès coumo la flour de pézes " : Fraîche comme la fleur du pois..., Tu es jolie comme un pois..., C'est la plus jolie fille ; c'est ce qu'il y a de mieux !...

 

 

SANTOUN "MISÉ"

" Mais depuis mon enfance. Il y a plus d'un demi siècle que je viens à ma baraque. Savièz-vous qu'une année, en 1848, je crois, la foire eut lieu sur le boulevard du Muy (*) ? L'emplacement n'était pas heureux. Je dois ajouter que primitivement les santons n'étaient pas installés dans des baraques de planches. Ce luxe n'existe que de depuis soixante à soixante-dix ans environ, à ce qu'on m'a raconté. Les marchands plaçaient leurs bonshommes sur des tables, absolument comme font aujourd'hui les marchandes de nougat. Les jours de bourrasque ou de pluie, on remisait dans des boîtes Misé Nourado ou Misé Bregido et on attendait le beau temps. "

" Le santon fut acheté et emporté pour figurer en première place, à la Crèche. — Et quel est-donc cet heureux santon, dis-je, qui s'en va, protégé de papier fou, dans le manchon de la grande dame ? — C'est une bonne Reïre-Grand, me répondit Mme Houx, l'habile et aimable fabricante. Tenez, voici la pareille. Qu'elle était engageante, cette Reïre-Grand, avec son panier passé au bras droit, une magnifique pompe et une dinde à la main gauche. "

Source : University of Michigan - Revue de Provence - 1899

(*) Bd Paul Peyral

NB. Misé Bregido (Brigitte) Misé Nourado (Honorée)

"MISÉ MIELLÉ" : MADEMOISELLE MIELLÉ

Secret d'Histoire

Funérailles

" Dans le 12ème siècle, les habitants des deux rives du Rhône, jusqu’à une grande distance, mettaient leurs morts dans un tonneau enduit de poix, avec une boîte scellée où était l’argent destiné pour les funérailles.

Le tonneau, abandonné au courant (*), était arrêté à Arles par des commissaires préposés à cet effet, et le cadavre était enseveli dans les Elyscamps, ou Champs Elysées.

Les droits de sépulture procuraient un revenu si considérable, que des contestations sérieuses s’étaient élevées entre le chapitre de StTrophime et l’abbaye de St-Victor de Marseille, qui possédait l’église de S'-Honorat, située dans l’enceinte des Éliscamps. "

Source : Google : Statistique des BduRh - T3 - Comte de Villeneuve - 1826

(*) Ordalie : Jugement de Dieu ( Moïse, ayant été reconnu de naissance douteuse, a été réellement exposé à l'ordalie de l'eau pratiqué par les Sémites )

Endroit des échouages contestés

ZONE D'ÉCHOUAGES - BLEU. ALYSCAMPS - JAUNE / SOURCE : GOOGLE

ULTIME ÉTAPE POUR LES PETITS ...... & LES PUISSANTS

" La terre des Mées (Alpes de Haute Provence), celle de Mézel et quelques autres furent inféodées par la reine Jeanne, en faveur de Guillaume Roger, comte de Beaufort de Canillac, malgré l'édit du roi Robert et la parole que la reine Jeanne et son mari avaient donnée aux députés de Provence, de ne point aliéner les terres du domaine; ce qui fut la source d’une guerre allumée par le fils de ce Roger (Raymond de Turenne), la plus cruelle, la plus horrible dont laProvence ait jamais vu d’exemples et éprouvé les funestes effets. Animé par Charles Duras qui voulait se maintenir dans le royaume de Naples, Raymond de Turenne se créa une armée composée de tous les bannis de l’Italie, de la Guyenne, du Languedoc, du 'Dauphiné et du comtat Vénaissin, et détruisit une partie des bourgs, villes et villages de la Provence. Saint-Remy, les Baux, Pertuis, laTour-d’Aigues, Mérargues, Vitrolles, Mont-Furon, les Pennes, Calian, Pierrevert, Colmars, Boades, Tolane et plusieurs autres places furent la proie des flammes et les victimes du brigandage des soldats du cruel Raymond. La reine défendit aux Provençaux d’avoir aucune communication avec ces incendiaires, de leur fournir de l’argent, des vivres, des chevaux, des armes, des habits, sous peine de punition corporelle et de confiscation de tous leurs biens. Des milices se formèrent sur tous les points de la Provence. La tête de Raymond fut mise à prix. Dix mille francs, qui, à cette époque, valaient un million de nos jours, devaient être la récompense de celui qui en purgerait la terre.

Après neuf ans de guerre, de pillage, de meurtres et d’incendies, Raymond se baignant dans le Rhône à Tarascon y et voyant venir vers lui quelques cavaliers armés qui n’étaient pas de sa bande, s’élança sur le bord d’une petite barque, dans la vue de se sauver en traversant le fleuve. Le poids de son corps fît chavirer la nacelle, et il se noya. Le lendemain on trouva son corps au bord de l’eau, près d’Arles.

Cette mort rendit la vie à toute la Provence, et fit rentrer la terre de plusieurs lieux dans le domaine de la couronne. "

Source : Google - Dic. de la Provence - E Garcin - T 1 - 1835

COMPTINES ENFANTINES

" Plus tard, lorsque nous étions Grandets (un peu grands), à l'époque ou l'on ornait notre tête du Frountau (bourrelet), pour nous amuser, on nous chatouillait la paume de la main avec l'index, en récitant cette formule :

Gueringuingailho (*)  Gueringuingaille,

Martin de la pailho ;  Martin de la paille,

Que sera dessouto  Qui sera dessous,

Pagara per touto.  Payera pour tous. 

Et ces derniers mots n'étaient prononcés par celle qui nous amusait, qu'accompagnés d'une petite tape, qui provoquait notre rire, ce qui se faisait surtout au moment où l'on craignait que nous ne fissions la bebo (la moue).

(*) Jugoun à Guerin-Guerin-Gaillo, Ounte dien : Martin de la paillo ,

Lou juec de la man mouarto

Le jeu de la main morte consiste à prendre les petites mains de l'enfant avec les quelles on se donne de petits coups sur le visage ou sur la tête , et à dire man mouarto piqu’aqui ! (main morte frappe là !) et l'enfant qui a donné des coups sans y consentir, rit de bon coeur.

On chantait aux petits enfants que l'on tenait sur les genoux, ceci, qui est un peu plus compliqué :

Filheto qu'avez laissa  Fillette qui avez laissé

Mangear au gat, lou froumagi,  Manger, au chat, le fromage

Tout lou mounde cridara  Tout le monde criera,

De ce que, filho, à vouestr 'âgi,  De ce que, fille, à votre âge,

Avez pas sachut cridar,  Vous n 'avez pas su crier ,

Gat ! gat ! gat !  Chat ! chat ! chat !

Et en prononçant le mot Gat , trois fois et même plus, on faisait battre les petites mains l'une contre l'autre.

Que n'a-t'on pas imaginé pour occuper ces petites créatures et les égayer .

Voici un procédé : On prend successivement leurs petits doigts, en disant

au premier doigt : Aqueou a fat l'uou,  Celui- ci a fait l'œuf,

au 2° Aqueou l’es anat cerquar,  Celui-ci est allé le chercher,

au 3° Aqueou l'a fat couinar,  Celui- ci l'a fait cuire, 

au 4° Aqueou la mangeat,  Celui- ci l'a mangé,

au 5° Lou paure pichoun n ’a rem tasta.  Le pauvre petit n 'en a rien goûté.

 Lorsqu 'on est au 5° , qui est le petit doigt , on l'agite bien délicatement avec un petit chatouillement pour faire rire lou Pichoun (le petit).

Autre procédé :

Pichoun det  Petit doigt 

Rabasset,  Rabougri

Plus long que tout ,

Curo-mourtier  Cure mortier

Et cacho-pevou.  Et écrase pou

 Autre bagatelle pour égayer le poupon :

Cacaraca !  Chant du coq ! 

Qu t'a piquat ?  Qui t'a frappé ?

Pichoun moussur  Petit monsieur

De l’habit blur,  De l'habit bleu. 

Mount'es anat ?  Où est- il allé ? 

Darrier la mar  Derrière la mer 

Pergue faire ?  Pour quoi faire ?

Baptegear.  Baptiser,

Qu es lou peirin ?  Qui est le parrain ?

Sant-Augustin.  Saint-Augustin ,

Qu es la meirino ?  Qui est la marraine ?

Santo-Catharino.  Sainte - Catherine

Les derniers mots, Santo-Catharino, prononcés vivement en secouant l'enfant, le font rire .... "

Source : Google - Le Cris des Marseillais - R de la Colombière - 1868